Les racines du vin à Verdigny : entre vigne, silex et mémoire du sol

Vigneron de caractère en terres de Sancerre

Travail de la vigne à Verdigny rythmé par les saisons et l’imprévisibilité du terroir

Travailler une terre qui ne nous appartient pas vraiment

Quand on plante ses bottes dans les parcelles de Verdigny-du-Cher, on ne foule pas seulement de la terre. On foule des couches de temps. La craie, le cailloutis, le silex affleurent entre les rangs comme des fragments d’histoire. Cultiver la vigne ici, c’est hériter d’un dialogue ancien. Un dialogue entre un sol exigeant, un climat imprévisible et une plante qui demande patience, silence et attention.

Chez nous, la terre ne se possède pas, elle se respecte. Mon père disait souvent que le vigneron n’est qu’un passeur. Il transmet, il ajuste, mais il n’invente rien. Nous n’avons pas voulu créer un blog pour raconter une success story ou aligner des notes de dégustation. Ce qui nous anime, c’est ce que la vigne nous apprend chaque jour, et ce que nous devons encore comprendre d’elle.

Travailler un terroir comme celui de Verdigny, c’est accepter de ne jamais tout maîtriser. On taille en hiver avec le gel dans les doigts, on observe les premiers bourgeons au printemps comme on scrute un visage familier, et on vendange quand le raisin décide que c’est le moment, pas avant. Rien n’est automatique. Et c’est tant mieux.

Cave à vin comme prolongement du terroir, reflet du sol et du climat dans la vinification

La cave à vin comme prolongement du paysage

Une cave à vin n’est pas qu’un lieu de stockage ou d’élevage. C’est, pour nous, la continuité de la parcelle. Ce qui s’y passe est le reflet de ce qui a été semé dehors : les choix de taille, l’attention au sol, la vigueur du cep, la santé des levures indigènes. Ce qu’on vinifie dans la fraîcheur de la pierre, c’est d’abord une lecture du climat et du sol.

Notre cave à vin n’a rien de spectaculaire. Elle est modeste, semi-enterrée, à l’ombre des vents. Mais c’est là que se joue une autre partie de notre métier. C’est là que le raisin cesse d’être fruit pour devenir vin. Laisser faire sans abandonner, intervenir sans brusquer. La ligne est fine.

Nous avons toujours refusé les artifices. Pas de bois neuf tapageur, pas d’ajouts superflus. Le vin doit parler de sa parcelle, pas de l’homme qui l’a touché. Ce qui nous intéresse, c’est la transparence. Celle qui laisse passer l’expression du lieu, le frisson du millésime. Rien d’autre.

Vinification naturelle axée sur la transparence et l’expression authentique du terroir

Ecrire le vin, entre silence et matière

Écrire sur le vin n’est pas évident. On parle d’un liquide vivant, mouvant, impossible à figer. Et pourtant, nous avons voulu prendre la plume. Pas pour expliquer, encore moins pour simplifier. Mais pour offrir un regard, une respiration, un contrechamp à l’actualité saturée du vin.

Quand Martin est revenu sur le domaine, après quelques années à écrire dans la presse, il a redécouvert le vignoble avec un œil neuf. Il n’était plus seulement le fils du vigneron. Il observait, questionnait, comparait. C’est de ce double regard qu’est né ce blog. À la fois enraciné et curieux, technique et poétique.

Ici, nous ne ferons pas d’éloge ni de publicité. Nous préférons la nuance à la promesse. Ce que nous écrivons est nourri de gestes réels, de saisons traversées, de vendanges vécues. Et si parfois les mots s’effacent, c’est que le vin ne demande rien d’autre qu’un peu de silence pour exister.

Écriture sensible autour du vin comme regard alternatif sur un univers vivant et mouvant

Le Sancerre d’aujourd’hui, entre fidélité et mouvement

On entend souvent dire que le Sancerre est un vin classique. C’est vrai, dans un sens. Il a des codes, une histoire, une reconnaissance. Mais ce serait une erreur de croire qu’il ne bouge pas. À Verdigny, comme ailleurs, le réchauffement climatique, les attentes nouvelles des amateurs, les contraintes écologiques imposent de repenser certains gestes.

Nous ne sommes pas des militants, mais des observateurs engagés. La conversion en bio, les essais sur les cépages résistants, les réflexions sur l’eau, le désherbage mécanique, tout cela fait partie de notre quotidien. Et nous savons que chaque choix technique a une résonance dans la cave à vin, dans le verre, et dans la manière dont le vin sera perçu.

Il ne s’agit pas de rompre avec la tradition, mais de la faire respirer. De lui laisser de l’air, comme on carafe un vin jeune pour en révéler la promesse. Le sancerre d’aujourd’hui est en mouvement. Il peut encore surprendre, émouvoir, renouveler ses équilibres. Et c’est cette vitalité-là que nous avons envie de transmettre ici, en mots comme en vins.

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